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Beruffungen . Vocations  
4 mai 2023

« Le diaconat nous rappelle que nous sommes là pour servir »

Jakob Zeilinger a été ordonné diacre ce samedi, 6 mai à la Cathédrale de Luxembourg

Jakob Zeilinger, 28 ans, a été ordonné diacre ce 6 mai en vue de l’ordination sacerdotale l’année prochaine. La veille de l’ordination diaconale a eu lieu une messe suivie de la nuit de prière pour les vocations ecclésiales.

Fils d’une famille nombreuse, Jakob est le frère aîné de 9 enfants, il a senti que Dieu l’appelait au presbytérat dans une petite communauté du Chemin Néocatéchuménal à Vienne, en Autriche. Arrivé au Luxembourg en 2016, il a été l’un des premiers garçons à intégrer le séminaire Redemptoris Mater à Luxembourg, un séminaire diocésain international qui forme des prêtres pour les missions.

Cathol- Comment as-tu découvert que Dieu t’appelait à devenir prêtre ?
Jakob Zeilinger (JZ) - J’avais 17 ans la première fois que j’ai senti ma vocation. À l’époque, je pensais qu’un jour, je me marierais, je ne voulais pas être prêtre, j’avais tout à fait un autre projet. Je voulais étudier les sciences naturelles, la biologie, la physique ou la chimie, et j’avais déjà planifié toute ma carrière. Après, j’ai vu comment le Seigneur m’a donné tout ce que je voulais : la réussite à l’école, les filles… mais à la fin, je n’étais pas content. À l’époque, dans ma paroisse, on faisait des scrutations pour les jeunes, et là j’ai découvert que le Seigneur m’invitait à faire sa volonté, pour une fois, pour voir si je serai plus heureux. On avait aussi l’adoration eucharistique, où j’ai demandé au Seigneur qu’il m’aide à faire sa volonté.

Cathol- Qu’est-ce que c’est la scrutation ?
JZ - C’étaient des rencontres pour les jeunes, où on lisait la bible pour voir ce que le Seigneur voulait nous dire. Ce jour-là, le soir, j’ai compris de façon très claire que le Seigneur m’invitait à être prêtre. Je l’ai vu avec une clarté impressionnante ! Je n’avais jamais pensé à une telle chose parce que je voulais me marier. Après ça, j’ai encore eu six mois de combat… partir pour le séminaire, ce n’était pas facile…

Jakob à l’âge d’un an
JZ

Cathol- Et le jour où tu as découvert que Dieu t’appelait à devenir prêtre, en as-tu parlé à tes parents ?
JZ - Non, bien sûr que non ! Je ne leur ai rien dit parce que c’était aussi difficile pour eux de voir un enfant quitter la maison si tôt. Mais je me rappelle que j’étais très content. J’ai commencé par en parler à ma communauté, je leur ai tout raconté. Mes parents, ils ont appris ma décision peu avant la date d’entrée au séminaire.

Cathol- Quand tu parles de communauté, tu fais référence à une communauté du Chemin Néocatéchuménal, et ici au Luxembourg tu es dans un séminaire qui suit la modalité du Chemin Néocatéchuménal…
JZ - Oui. Quand je parle de communauté, les gens pensent à une communauté religieuse. On pense souvent que je parle du Séminaire, mais non. Quand je parle de communauté, je parle des laïcs qui m’accompagnent. Le Chemin Néocatéchuménal, ce n’est pas le Séminaire, mais une communauté de laïcs. Je suis rentré dans une communauté à l’âge de 14 ans. Il y avait des couples, des jeunes de mon âge, mais aussi des gens âgés.

Cathol- Tu as aussi une communauté au Luxembourg ?
JZ - Oui.

Cathol- Une communauté de laïcs, comme celle de Vienne ?
JZ - Oui. Nous nous réunissons deux ou trois fois par semaine, pour écouter la parole de Dieu, pour célébrer l’eucharistie, pour être ensemble. Et je vois comment c’est très important, parce que c’est un lieu où je peux m’ouvrir, où je peux partager mes inquiétudes et mes problèmes, mes crises, mes soucis. Je dois dire que beaucoup de prêtres comprennent très bien l’importance d’une communauté. Pour les laïcs, c’est un peu plus difficile de leur expliquer.

Cathol- Tu as découvert ta vocation dans le Chemin Néocatéchuménal, tu as fait le séminaire selon la modalité du Chemin Néocatéchuménal. Vas-tu être ordonné diacre du Chemin Néocatéchuménal ?
JZ - Le Redemptoris Mater du Luxembourg est un Séminaire Diocésain Missionnaire International, et je vais être incardiné au Luxembourg. Je serai diacre, et après prêtre, du diocèse de Luxembourg, pour servir le diocèse de Luxembourg, mais toujours ouvert à partir pour n’importe quel endroit au monde, si notre archevêque me donne la permission. Mais je serai prêtre diocésain du diocèse de Luxembourg.

Le moment où j’ai senti cet appel, j’ai donné ma disponibilité totale pour aller dans un pays où le Seigneur avait besoin de moi. Pas seulement à Vienne, mais partout dans le monde, là où il y avait besoin de prêtes, en Chine ou n’importe où. Nous avons fait une rencontre en Italie, où le garçon qui était assis à ma gauche a été envoyé à Taiwan, et celui qui était à ma droite a été envoyé à Vienne. Dans cette rencontre, j’ai été envoyé au Luxembourg. À l’époque, il n’était pas possible de suivre la formation au Luxembourg et j’ai donc dû passer les premières années de mes études en Belgique, près de Bruxelles, et j’ai étudié à Namur.

En 2016, nous nous sommes installés au Luxembourg. Je suis très content de faire les études au Luxembourg. Je dois remercier les professeurs. Ça m’a beaucoup aidé de pouvoir étudier ici. Aussi, le fait de pouvoir étudier sur place, cela nous a donné l’opportunité de connaître le pays, les traditions, l’Octave, Saint Willibrord. Pour nous, c’est très important parce que nous venons d’autres pays.

Cathol- Tu fais actuellement un stage pastoral à Mersch. Comment cela se passe-t-il ?
JZ - Je suis très content. Je suis à Mersch depuis septembre. Les paroissiens m’ont très bien accueilli, mon curé a beaucoup d’expérience et il m’aide beaucoup. C’est très important de connaître les autres réalités du Luxembourg, car pendant mes études, j’étais à Luxembourg-Ville et je vois qu’à Mersch c’est une ambiance très différente.

Cathol- Tu parles quelle langue à Mersch ?
JZ - À Mersch, je parle plutôt le luxembourgeois.

Cathol- Tu parles le luxembourgeois ?
JZ - Oui. Pas encore parfaitement, mais les paroissiens disent qu’ils sont très contents de pouvoir me comprendre. Pour moi, c’était plus difficile d’apprendre le français que le luxembourgeois. Ma langue maternelle c’est l’allemand et donc ce n’est pas si difficile d’apprendre la langue du pays. Quand je suis arrivé au séminaire, je ne parlais pas un mot de français, une langue que je n’avais jamais pensé d’apprendre. Le Seigneur m’a beaucoup aidé avec le français et aussi avec le luxembourgeois.

Jakob à sa paroisse à Vienne

Cathol- Tu vas être ordonné diacre, en vue de devenir prêtre. Actuellement, est-il attirant d’être prêtre de l’Église catholique ?
JZ - D’un point de vue humain, peut-être que c’est une folie, mais je crois que si on a fait une expérience avec Dieu – et j’ai plus de dix ans de séminaire et toute une expérience avant le séminaire – je peux constater comment le Seigneur m’accompagne, qu’il ne me laisse pas seul, comment Jésus-Christ est une personne vivante ! Du coup, c’est facile de faire ce choix…

Cathol- De ne pas se marier, de ne pas avoir d’enfants, d’être chaste, de renoncer à une carrière…
JZ - Au début, je n’étais pas sûr de pouvoir réussir, je pensais que ce serait très dur de tout laisser. Maintenant, avec toutes ces années de séminaire, je sais que le Seigneur me comble pleinement et que je n’ai pas besoin d’avoir une femme ou des enfants pour être heureux.

Cathol- Comment est-ce que tu vois la discussion sur le célibat des prêtres ?
JZ - La première chose à souligner, c’est que ce n’est pas l’Église qui m’oblige au célibat, mais c’est moi qui fais cette promesse, volontaire, personne ne m’a forcé. Il est également vrai que l’Église fait du célibat une condition de l’ordination sacerdotale. C’est la même chose lorsque quelqu’un se marie. Quand l’homme se marie, il renonce aux autres femmes qu’il pourrait avoir. Après, d’un point de vue pratique, et du point de vue pastoral, je suis beaucoup plus libre pour me donner entièrement à l’Église, je n’ai pas de femme et d’enfants de qui je dois m’occuper. Je pense que le plus important c’est de donner un signe aux temps d’aujourd’hui. Il y a beaucoup de gens qui vivent seuls, qui n’ont peut-être pas choisi de vivre seuls, mais quand même la relation avec le Christ est suffisante.

Cathol- Quelqu’un pourra dire que cela est une vision très conservatrice…
JZ - Moi, je n’ai aucun problème avec des prêtres mariés. En effet, dans ma paroisse à Vienne, il y a un prêtre qui était orthodoxe, il est marié et a quatre enfants, et c’est bien. Peut-être, dans le futur, il y aura beaucoup plus de prêtres mariés dans l’Église catholique, mais je crois que cela ne sera ni la solution pour la crise des vocations, qui a sa racine dans la crise de foi d’aujourd’hui, ni ce que je crois que Dieu m’appelle à moi. Mais je n’ai aucun problème si demain les évêques trouvent cela important. Au Luxembourg, c’est vrai qu’on a un manque de prêtres, mais il y a aussi un manque de fidèles. Dans ma paroisse, il y a 17 clochers, et on n’arrive pas à assurer toutes les célébrations. Mais s’il y a 10 fidèles dans chaque célébration, c’est mieux de regrouper les célébrations pour avoir une assemblée plus belle.

Cathol- Mais souvent on entend dire que le Chemin Néocatéchuménal est très conservateur…
JZ - Moi, je ne suis pas d’accord. Je vois que le Chemin Néocatéchuménal a des liturgies très vivantes et je dirai plutôt que le Chemin est radical.

Cathol- Qu’est-ce que c’est que cette radicalité ?
JZ - C’est quelque chose qui est censé changer ta vie. Une fois qu’on reste seulement au niveau d’une spiritualité, c’est quelque chose d’extérieur, c’est comme un vernis… je crois qu’on a trop longtemps perçu la foi comme quelque chose d’extérieur, qui ne change pas la vie des personnes. Malheureusement, très souvent, on se rend compte que dans la vie de tous les jours on ne voit pas beaucoup de différences entre celui qui va à l’église et l’athée qui ne va pas. Et je trouve que cela est un peu dommage. Il y a un divorce entre la vie et la foi. Je crois que toutes les nouvelles réalités de l’Église essayent de dénoncer ce fait. « Toi, ta religion, ta relation avec Dieu, qu’est-ce que cela t’apporte dans la vie de tous les jours ? Est-ce que ça t’aide dans tes problèmes ? Dans ta famille ? Au travail ? Dans ta vie de tous les jours ? »

Cathol- Tu te vois comme prêtre de l’Église catholique pour le reste de ta vie ?
JZ - C’est très bien qu’avant d’être prêtre, nous avons un temps de diaconat, qui nous rappelle que nous sommes là pour servir. Nous ne sommes pas là pour reformer, pour convertir les gens, mais c’est surtout pour servir son prochain. Ce n’est pas moi qui vais changer la vie des personnes, c’est le Seigneur. Moi, je suis là pour aider les gens à connaître Jésus-Christ. Mais c’est le Seigneur qui touche le cœur des personnes.

Cathol- Tu vas être ordonné diacre pendant l’Octave. Marie va t’accompagner. C’est très beau, n’est-ce pas ?
JZ - Oui, très beau. Pour moi, la fête de la Consolatrice des Affligés est quelque chose que je ne connaissais pas du tout. Quand je suis arrivé au Luxembourg, j’ai connu l’importance de cette fête, l’importance que la Vierge Marie a pour ce peuple, qu’elle est comme une mère, ça m’a beaucoup touché. J’ai fait l’expérience que c’est une joie immense de pouvoir aller en pèlerinage à la cathédrale, pendant l’Octave, à la rencontre de notre maman, qui nous console dans toutes nos afflictions. Pendant le temps de séminaire, j’ai eu quelques soucis et Marie m’a beaucoup aidé. Aussi dans ma paroisse, où on a trois maisons de soins, je m’aperçois de l’importance pour ces personnes de savoir que nous ne sommes pas seuls et que Marie nous console dans les moments d’affliction.

Cathol- Tu es content ?
JZ - Oui.

Cathol- Tu désires devenir prêtre ?
JZ - Oui.

Jakob est le troisième enfant à gauche sur la photo. Les autres enfants sont des frères et sœurs de Jakob. Le grand-père se trouve à gauche et le père à droite. Les deux grands-mères regardent leurs petits-enfants.
JZ
Le petit Jakob dans les bras de sa maman

Cathol- Ta famille va venir pour l’ordination ?
JZ - Oui, ma famille va venir, mais pas seulement ma famille, mais aussi ma communauté d’origine en Autriche, là où ma foi a commencé à grandir.

Cathol- La communauté de laïcs dont on parlait avant ?
JZ - Oui, exactement. Je suis très content qu’ils puissent venir, parce que même si aujourd’hui je ne suis plus là, je sais qu’ils prient pour moi et cela est une consolation et un soutien très important pour moi.

Cathol- Ils seront combien ?
JZ - Une vingtaine, parce qu’ils ne pourront pas tous venir, parce qu’il y a des personnes âgées. Je suis aussi très content que les paroissiens de Mersch vont également venir. Ils m’ont très bien accueilli. Plusieurs personnes qui chantent dans les chorales de ma paroisse ici au Luxembourg vont se déplacer à la cathédrale pour chanter et cela fait preuve de beaucoup d’affection.

Cathol- La vie au séminaire va te manquer ?
JZ - Le séminaire est une communauté qui est comme une famille, parce que c’est important que nous ne soyons pas seuls, mais aussi avec d’autres séminaristes. Mais cela ne veut pas dire que tous ceux qui rentrent au séminaire vont devenir prêtre. Pour moi, la formation a duré 10 ans, car pendant cette période de discernement, j’ai également fait un stage missionnaire qui a duré environ trois ans. Mais tous ceux qui arrivent au séminaire ne deviendront pas prêtre. Le séminaire est un temps de discernement et je connais pas mal de garçons qui ont découvert que le Seigneur les appelle à autre chose. J’ai un copain qui est rentré au même temps que moi au séminaire et cet été je suis invité à son mariage.

Cathol- En effet, en 2016, vous étiez à deux ? Toi et un autre séminariste qui n’est plus là…
JZ - Oui, il n’est plus là. L’important c’est de découvrir quelle est la volonté du Seigneur pour ta vie, à quoi le Seigneur t’appelle, et c’est très important qu’on garde toujours la liberté de pouvoir quitter, sans que quelqu’un te présente la note.

Cathol- En parlant de factures. Le séminaire vit de la providence. Tu peux expliquer cela ?
JZ - Le diocèse nous aide à organiser les études, mais pour le reste, on vit de la providence divine. Cela veut dire qu’il y a des personnes à qui le Seigneur touche le cœur et ils nous font des dons pour que nous puissions manger, acheter des chaussures et des vêtements, pour pouvoir aller chez le médecin, etc. Il y a aussi des entreprises qui nous donnent des choses qui n’arrivent pas à être vendues et que nous allons chercher. Il y a des personnes qui nous font des dons chaque mois, et c’est comme ça qu’on vit.

Cathol- Mais on donne à qui ? À toi ?
JZ - Non, pendant le temps de formation, nous, les séminaristes, nous n’avons pas d’argent. Nous avons tout en commun. L’argent que j’avais quand je suis arrivé au séminaire, je l’ai donné au recteur, et à chaque fois qu’on a besoin de quelque chose, on demande au recteur. Demander est un exercice d’humilité. Cela crée aussi la communion. Il n’y a pas de riches et de pauvres.

Cathol- Combien de séminaristes y a-t-il actuellement au Séminaire Diocésain International Redemptoris Mater de Luxembourg ?
JZ - Avec moi, nous sommes 9 séminaristes, mais il y en a un qui attend encore le visa pour pouvoir venir au Luxembourg. En ce moment, il y en a deux qui sont en train de faire le stage missionnaire, l’un aux îles Canaries, l’autre partira bientôt au Brésil. Cela veut dire qu’actuellement à la maison, ils sont à cinq. Et chacun d’entre nous vient d’une partie différente du monde : deux Colombiens, un Brésilien, un Espagnol, un Portugais, un Italien, un Ruandais, et moi, de l’Autriche.

La communauté de Jakob à Vienne
« Quand je parle de communauté, je parle des laïcs qui m’accompagnent. Le Chemin Néocatéchuménal ce n’est pas le Séminaire, mais une communauté de laïcs. Je suis rentré dans une communauté à l’âge de 14 ans. Il y avait des couples, des jeunes de mon âge, mais aussi des gens âgés. […] Je suis très content qu’ils puissent venir, parce que même si aujourd’hui je ne suis plus là, je sais qu’ils prient pour moi et cela est une consolation et un soutien très important pour moi. »
Domingos MARTINS
domingos.martins@cathol.lu
 
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