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Hellege Willibrord . Saint Willibrord  
30 septembre 2004

L’ancienne abbaye d’Echternach

En 698, l’abbesse Irmine d’Oeren près de Trèves offre à l’archevêque Willibrord d’Utrecht une part de la villa Epternacus avec le petit monastère et les églises qu’elle a fait construire. Ces édifices étaient situés sur la butte de l’église Saints-Pierre-et-Paul dans l’enceinte d’une fortification romaine.

Willibrord construit un nouveau monastère où il introduit la règle de saint Benoît. Les restes de son église (21,20 x 7,60 m) subsistent sous la nef centrale de la basilique actuelle. Lors de son décès en 739, Willibrord reçoit sa sépulture dans ce sanctuaire. Sa vénération nécessite l’édification d’une nouvelle abbatiale vers 800. De cette époque subsiste toujours la crypte qui abrite quelques restes de fresques du XIe siècle.

Les reliques de saint Willibrord sont conservées dans un sarcophage mérovingien en pierre enchâssé dans un monument néo-gothique de 1906.

Suite à un incendie, les Bénédictins rebâtissent leur église de 1016 à 1031. L’abbatiale romane présente une architecture majestueuse caractérisée à l’intérieur par l’alternance de piliers et de colonnes reliés par des arceaux et des arcs superposés. Cette disposition imprime à la nef centrale un rythme prononcé. Le plafond à poutres, aujourd’hui reconstruit dans le vaisseau principal, fut remplacé au XIIIe siècle par des voûtes sur croisées d’ogives.

L’époque baroque a ajouté plusieurs chapelles latérales.

L’abbaye disparaît en 1796. Les bâtiments sont vendus comme bien national, l’église conventuelle devient faïencerie. Des travaux de restauration permettent le rétablissement du culte en 1868. La rénovation atteint son apogée en 1906 lors du retour du corps du saint fondateur. Depuis cette date, l’ancienne abbatiale constitue l’église paroissiale d’Echternach.

Les opérations militaires de 1944 portent un coup fatal au sanctuaire : toute la partie occidentale est détruite. La reconstruction se fait selon des modèles bourguignons, des vues anciennes conservées, des données historiques et archéologiques. Aujourd’hui la basilique présente un aspect sobre et dépouillé. Son principal décor réside dans les vitraux créés par des artistes français et luxembourgeois : Jean Barillet, Paul Bony, Théodore Hanssen, Jacques Le Chevalier, François Gillen, Emile et Joseph Probst, Gustave Zanter. Dans les bas-côtés, ils présentent la vie de saint Willibrord. Le maître-autel est dû à Auguste Trémont. Deux statues monumentales de style baroque figurant saint Benoît et saint Willibrord proviennent de l’ancienne abbatiale. Dans la chapelle latérale gauche se trouve un tableau d’Antoine Stevens de 1604 représentant saint Willibrord entouré de pèlerins. Parmi eux on reconnaît à l’arrière-fond les danseurs de la célèbre procession du mardi de la Pentecôte. Cette manifestation s’enracine vraisemblablement dans des danses païennes maintenues au Moyen Age malgré les interdictions de l’Eglise. Au XIVe siècle, ces danses ont pris une valeur thérapeutique selon le principe : « Les semblables se guérissent par les semblables. » Elles étaient pratiquées contre l’épilepsie, la chorée, l’ergotisme etc.. Aujourd’hui la procession dansante rassemble tous les ans plus de dix mille participants et plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.

Les bâtiments abbatiaux baroques sont dus à l’architecte bénédictin français Léopold Durand (1666-1749). Ils ont été élevés à partir de 1727 autour d’une cour intérieure délimitée par un cloître. L’aile occidentale, dite des prélats, était réservée à l’abbé et seigneur d’Echternach ainsi qu’à ses hôtes de marque. Sur le fronton au-dessus de l’entrée figurent les armes des abbés Schouppe et Hartz et de l’abbaye, sommées de la mitre, de la crosse et du glaive. L’édifice abrite un lycée et un pensionnat.

L’architecture de l’abbaye a profondément marqué les façades des fermes et des maisons de la région d’Echternach. On y rencontre par exemple les pavillons d’angle, les frontons, les axes médians accentués, les escaliers monumentaux.

Le Musée de l’Abbaye est logé dans une partie des caves du 18e siècle. Il présente de nombreux témoignages de l’histoire d’Echternach : maquette de la villa romaine de Schwarzacht, reconstitution du tombeau de Willibrord et d’un ambon du VIIIe siècle, croix de justice de la Place du Marché. L’intérêt principal réside dans l’exposition de fac-similés du scriptorium de l’abbaye particulièrement actif aux VIIIe et XIe siècles. Le visiteur découvre les techniques de production d’un manuscrit et admire les plus belles pages des évangéliaires d’Echternach, notamment ceux dits dorés : le Codex de Nuremberg et le Codex de l’Escorial, réalisé en 1045/46 à la demande de l’empereur Henri III pour la cathédrale de Spire.

Quant à la couverture du Codex de Nuremberg, elle date de la fin du Xe siècle et a été offerte à Saint-Willibrord par le roi Othon III et sa mère l’impératrice Théophanou. Cette oeuvre remarquable constituée d’or, d’ivoire, d’émaux et de pierres précieuses symbolise la Jérusalem céleste qui se construit sur les évangiles.

Pour en savoir plus :
Langini A. ; Echternach, (Peda-Kunstführer Nr 093/1994), Passau 1993.
Spang P. ; Echternach - Histoire d’une ville, Luxembourg 1983.

Alex LANGINI
alex.langini@cathol.lu
 
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