Deo gratias !

Se détachant sur le ciel clair, purifié par une récente giboulée, le clocher de l’abbaye de Clervaux s’élève au-dessus des arbres et entraîne avec lui l’âme du visiteur. La paix qui se dégage des murs de l’abbaye est sensible, mais une certaine effervescence se développe. Sur le parking, de vieux amis, arrivés largement en avance, se saluent chaleureusement. L’heure est à la joie : tous sont venus aujourd’hui entourer dom Michel Jorrot, le père abbé, qui fête le trentième anniversaire de sa bénédiction abbatiale.

Il y a trente ans, ici même, le 19 mars 1994, en la fête de saint Joseph, Monseigneur Fernand Franck, archevêque de Luxembourg, a conféré la bénédiction abbatiale à dom Michel. Aujourd’hui archevêque émérite il a tenu à être présent, de même que le cardinal Jean-Claude Hollerich. Dom Michel, rayonnant, les remercie au début de la célébration : « Merci d’être avec nous pour célébrer cet événement jeune de trente ans, si important pour notre communauté bénédictine. Tout est don de Dieu, ainsi nous apparaît le temps ». Alors que la joie du désir de Pâques est au cœur du carême bénédictin, « je sais bien que c’est Pâques aujourd’hui, puisque j’ai la joie de vous voir et de pouvoir commémorer avec vous », dit encore dom Michel à l’assistance.

Mgr Hollerich rappelle dans son homélie le caractère indispensable de la vie monastique : « Le monde pense trouver le bonheur sans Dieu. Nous savons tous que c’est impossible. Quand nous participons aux prières des moines, nous rencontrons le mystère du Christ, de sa mort et de sa résurrection. C’est le Christ vivant qui habite cette communauté ». Alors que l’on pourrait à juste titre être préoccupé par la baisse du nombre des vocations religieuses, notre archevêque prêche la confiance. « Ne vous souciez pas en premier lieu des vocations. Souciez-vous de continuer la qualité de la vie monastique, d’être enraciné en Jésus, c’est ce que Dieu vous demande », martèle-t-il, rejoignant ainsi les propos de dom Michel dans le récent entretien qu’il a accordé à Cathol, « vous êtes un trésor pour notre Église qui est à Luxembourg ! ».

Après la messe, la joyeuse action de grâce s’est prolongée par un apéritif au cours duquel dom Michel, rayonnant, a évoqué ses souvenirs et commenté les photos de l’époque. Puis le repas a été pris en silence, comme le veut la Règle de saint Benoît. L’absence de conversation laisse la place à l’enseignement grâce à la lecture par un frère d’abord d’un passage de l’Évangile, puis d’un historique de l’abbaye de Clervaux avant de terminer par une esquisse de la philosophie chrétienne. Dehors, les averses de pluie ou de grêle alternent avec un soleil rayonnant et font penser au cantique des trois enfants, comme si tous les éléments voulaient rendre grâce. Et vous, le soleil et la glace et la pluie, pour dom Michel, bénissez le Seigneur !