La vie vient toujours au secours de la vie

Les 18 et 19 mai, JRS (Jesuit Refugee Service Luxembourg) et Caritas Luxembourg avaient invité le Père jésuite Philippe Demeestère à Luxembourg pour un échange avec leurs membres et bénévoles, ainsi qu’avec les différentes associations travaillant avec les réfugiés et migrants. Le Père Demeestère S.J., aumônier auprès du Secours catholique, s’engage depuis de longues années aux côtés des exilés de Calais qu’il accueille dans sa « Maison ». Il est devenu la référence sur toutes les questions liées aux exilés, à leur rétention et aussi aux « Dublinés ». C’est, en effet, à Calais que mène le chemin de tous ceux qui sont passés d’échec à échec. L’espoir est de pouvoir trouver un endroit où mener une vie digne et l’Angleterre est pour beaucoup le pays de la dernière chance.

La question des « Dublinés » est aujourd’hui d’actualité dans tous les pays d’Europe. Le système mis en place au niveau de l’Europe est remis en cause car il mène à des situations indignes pour l’Humanité. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’invitation au Luxembourg du Père Demeestère S.J.

JRS et Caritas Luxembourg sont, en effet, partenaires avec Reech eng Hand dans le projet Ubuntu qui soutient les demandeurs de protection internationale (DPI) touchés par le règlement de Dublin et hébergés à la SHUK (Structure d’Hébergement Urgent à Kirchberg). Menée avec le soutien de l’Oeuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte, cette initiative vise tout particulièrement les jeunes adultes, souvent les plus vulnérables et traumatisés et leur propose un soutien psychosocial ainsi qu’un accompagnement personnalisé.

Lors de sa visite au Luxembourg, le Père Demeestère S.J. a pu rencontrer quelques-uns des bénévoles du projet Ubuntu qui sont à l’écoute des personnes dans les locaux d’Ubuntu ou qui rendent visite aux personnes retenues au Centre de rétention du Findel dans l’attente d’être expulsées soit dans le pays dans lequel ils ont faire leur demande d’asile en premier, pour le cas des « Dublinés », soit dans leur pays d’origine, pour ceux qui se sont vus refuser le droit de séjour au Luxembourg. Beaucoup de ces personnes restent malheureusement longtemps au Centre de rétention, nombreux sont les pays refusant de les « reprendre ». Les situations sont dramatiques.

Le Père Demeestère s.J. a présenté le travail qui est fait à Calais par les nombreuses associations sur place qui se sont réparties les missions, d’où l’importance de la concertation. Le Secours catholique s’occupe de l’hébergement des personnes. L’accent est mis sur le renforcement « empowerment » des personnes : Faire en sorte qu’en attendant qu’une décision soit prise sur leur avenir, les personnes puissent développer leur savoir-faire et acquérir des compétences qui leur seront utiles quel que soit le pays où elles vont pouvoir vivre. Il ne faut pas que le temps passé à Calais soit du temps perdu, surtout pour les jeunes. Une attention particulière est également portée aux relations avec les habitants de Calais. De nombreux événements sont organisés pour rapprocher les deux communautés et éviter les tensions. Un autre axe de travail est bien sûr le plaidoyer politique auprès des autorités pour débloquer les situations et améliorer la vie des personnes.

Pour finir, le Père Demeestère S.J. a laissé aux collaborateurs et bénévoles qu’il a rencontrés lors de sa visite au Luxembourg un grand message d’espoir. Il ne faut pas se laisser prendre par le sentiment d’impuissance. Même si la marge de manœuvre semble très petite, il faut oser et faire preuve de créativité. Il y a toujours quelque chose qui permet de débloquer la situation, car la vie vient toujours au secours de la vie… une maxime qui vaut également pour les politiques.

Photos : Caritas Luxembourg