Le chemin du Seigneur

Lc 3,1-6

Le récit évangélique du 2e dimanche de l’Avent est l’occasion de l’entrée en scène de Jean le Baptiste, qui a pour mission de préparer le terrain pour la mission de Jésus : « La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Préparez le chemin du Seigneur. »

Cela constitue pour nous une invitation directe à nous préparer à célébrer. Mais à célébrer quoi au juste ? Que fêtent les chrétiens à Noël ? La réponse traditionnelle à cette question est simple : à Noël, les chrétiens fêtent la naissance de l’enfant Jésus. Si cette réponse n’est pas fausse, elle est cependant très incomplète. On peut même dire qu’elle passe à côté de l’essentiel. Vous me permettrez donc de développer un peu. Il est possible que vous découvriez alors que la fête de Noël, pour les chrétiens, ce n’est pas un « anniversaire de naissance ».

Tout d’abord, la naissance de Jésus n’aurait pas un grand intérêt s’il n’y avait pas eu la suite. Bien sûr, la suite, c’est tout ce qui s’est passé dans la vie de Jésus, les paraboles, les miracles, etc. Mais la suite, c’est surtout ce qu’il est advenu de son destin : mort en croix, il est RESSUSCITÉ – il est revenu à la vie, ce qui constitue l’un des deux points les plus déterminants de la foi des chrétiens. La résurrection de Jésus est en effet la clé de lecture de tout ce qui le concerne : il est le Christ, celui que le Père a ramené à la vie au nom de sa fidélité à l’amour qui les unissait. Il nous invite à entrer à notre tour dans cette alliance qui perdurera par-delà la mort. Ainsi, tout humain qui choisit l’amour comme orientation fondamentale de sa vie s’inscrit dans cette alliance. Ainsi, quiconque fête Noël avec foi affirme son espérance que sa propre histoire prendra le même chemin d’éternité que celle de Jésus. Noël n’est donc pas une fête centrée sur un événement passé, mais une affirmation de foi et d’espérance.

Mais il y a beaucoup plus dans la fête de Noël ! Ce que célèbrent les chrétiens, c’est une idée folle : Dieu lui-même a décidé de devenir un être humain. C’est là l’autre élément central de la foi chrétienne. Il faut saisir la portée de cette affirmation de foi : il n’y a pas de plus belle façon de parler de l’être humain, de sa nature profonde. Car ce qu’on appelle le « mystère de l’Incarnation » va bien au-delà de l’affirmation factuelle que Dieu a pris un corps il y a 2000 ans. Que Dieu se soit rendu présent dans un corps humain dit de façon grandiose ce qu’est l’être humain : vous et moi sommes faits de cette nature, une nature si pleine de dignité qu’elle est faite pour accueillir Dieu ! Nous sommes faits « à l’image de Dieu » !

Alors, que fêtent les chrétiens à Noël ? Oui certes, la naissance d’un enfant. Mais d’un enfant qui donnera sa vie par amour pour Dieu, annonçant ainsi à chaque être humain qu’il est beau, qu’il est grand et qu’il a été créé pour vivre de cette même alliance, une alliance à laquelle même la mort ne mettra pas fin.

La semaine prochaine, Jean-Baptiste, dans l’évangile, nous donnera une belle occasion de développer les conséquences de cette façon « quasi-révolutionnaire » de parler de l’être humain…