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Année C  
28 octobre 2016

Le désir de voir qui est Jésus

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 19,1-10 (31e dimanche)

Jesus und Zachäus. (Miserior-Hungertuch Äthiopien 1978, Rottenburger Kunstverlag Ver Sacrum)

Dans l’évangile de ce dimanche saint Luc nous raconte la conversion de Zachée, un publicain, chef des collecteurs d’impôts. Zachée est riche, il a du pouvoir et il a un nom. Et il n’est pas aimé. En collectant l’impôt pour le compte des Romains, il est un collaborateur avec l’ennemi, voire un escroc. Mais il est resté un homme de désir. Il désire voir qui est Jésus. Ce désir est assez fort pour le faire courir, pour le faire grimper aux arbres. Sa richesse ne lui suffit donc pas ; il pressent qu’il y a plus important. Le fait qu’il court en avant et grimpe sur un sycomore exprime sa foi et son espérance. Jésus est en route pour Jérusalem, où il prendra place parmi les exclus, les rejetés, les éliminés. Il est normal, et révélateur, qu’en chemin il aille déjà loger chez l’un de ceux que le monde méprise.

En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. (Luc 19,1-4)

En route vers Jérusalem, Jésus traverse Jéricho. Jéricho est la dernière étape sur le chemin de Galilée à Jérusalem. Saint Luc nous présente deux personnages qui sont à la recherche l’un de l’autre. Zachée, le chef des publicains, « cherche » à voir qui est Jésus, et Jésus, le « Fils de l’homme », déclare être venu « chercher ce qui est perdu (Luc 19,10) « publicains et pécheurs ». Cherchant à voir Jésus, Zachée en prend les moyens, en fonction de ce qu’il est. Il est petit de taille : cela l’empêche de voir Jésus. Il fait ce qu’il faut pour renverser la situation. Il n’hésite pas de monter dans un arbre pour voir celui qu’il cherche.

Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descend vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » (Luc 19,4-7)

Arrivé sous le sycomore, il n’est pas dit que Zachée voit Jésus mais l’inverse, c’est Jésus qui « lève les yeux » vers lui, car lui aussi le cherche. Pour voir Jésus, Zachée était monté sur un arbre. À la demande de Jésus, vite il en descend, toujours prêt à faire ce qu’il faut. Zachée est disponible à tout changement nécessaire, pour rencontrer, de plus près, cette fois, celui qu’il cherche.

Qui est Jésus ? C’est la question qui préoccupe Zachée (Luc 19,3). C’est la personne du Christ qui l’intéresse. Zachée a entendu parler de Jésus. Il ne s’est pas contenté de s’extasier devant les signes dont il a entendu parler, il veut connaître Jésus. Non seulement il verra Jésus, mais il lui parlera, il le recevra dans sa maison, il lui offrira le gîte et le couvert. (Luc 19,6) Comme Abraham, il reconnaît dans son hôte la visite de Dieu. (Gn 18) Il l’appelle « Seigneur » (Luc 19,8) et le traite comme tel. Il l’entendra se déclarer à la fois « Fils de l’homme » et « Sauveur » (Luc 19,10). L’attente de Zachée est comblée au-delà de tout ce qu’il pouvait espérer.

Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Luc 19,7-10).

Jésus appelle Zachée par son nom. Il l’invite à un faire immédiat qui le reconduit à la maison qu’il avait quittée pour chercher celui dont il avait entendu parler. Le chef de publicains est amené à la pleine lumière de son état de pécheur public (Luc 19,7). Jésus ne dit pas que ceux qui regardent Zachée comme pécheur ont tort. Pour Jésus aussi il est un pécheur, puisque ce sont justement les gens perdus comme lui que « le Seigneur » (Luc 19,8) est venu chercher, chercher et sauver, puisqu’en définitive Zachée est un fils d’Abraham. Abraham est considéré comme le « père des croyants ». Zachée a montré sa foi par l’intensité de son désir de voir Jésus, par sa hâte de le recevoir.

Et voilà Zachée qui solennellement debout, fait à Jésus sa déclaration de conversion. (Luc 19,8) Il ne s’agit pas d’une belle déclaration de principe, mais bien plutôt une déclaration d’impôt. Zachée reste un homme d’argent au cœur même de sa conversion : il ne se paie pas de mots, mais de chiffres ! Ses paroles sont des pourcentages : il donnera « la moitié », il rendra « le quadruple ». Le changement, la conversion, n’est pas une affaire de sentiments mais de monnaie. Le cœur change, l’argent change de mains. Il prononce du même mouvement un double jugement, qu’il a volé et qu’il rendra, jugement à la fois sur le passé et sur l’avenir réunis dans le maintenant de la conversion, dans l’aujourd’hui du salut. « Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison » (Luc 19,9). C’est le salut en personne qui est entrée chez Zachée, Jésus, celui qui « est venu pour sauver ».

Le salut pour Zachée, certes, mais aussi, par voie de conséquence, pour les pauvres et ceux qui avaient été dépouillés. Zachée cherchait à voir Jésus, toute l’action de Jésus consiste à lui ouvrir les yeux sur les autres. Renvoyé à lui-même, il est aussi renvoyé à ses frères, « les pauvres » et ceux auxquels il « avait fait tort », en somme ceux qui, comme lui, ont besoin d’être sauvés. (Luc 19,10)

« Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». (Luc 19,5) « Il faut », ce mot revient souvent chez saint Luc, « il faut » exprime une exigence de l’amour. Il y a de la tendresse dans la manière dont est racontée cette rencontre. En descendant chez le pécheur, Jésus illustre la mission qu’il est venu accomplir, l’œuvre que le Père lui a donné à faire. C’est bien l’aujourd’hui de Dieu ; « c’est aujourd’hui le jour du salut » (2 Corinthiens 6,2).

Charlotte LANGEHEGERMANN
 
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