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Année C  
21 octobre 2016

Le souci d’être à la hauteur

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18,9-14 (30e dimanche)

Le pharisien et le publicain, vitrail de la cathédrale de Cologne. (Artiste : Carl Julius Milde 1878)

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus raconte la parabole du pharisien et du publicain qui vont au temple pour prier. Il s’adresse à ceux qui « étaient convaincus d’être des justes et qui méprisaient les autres. » (Luc 18,9) Jésus décrit deux attitudes différentes, très typées, schématisées. Il veut nous faire réfléchir sur notre propre attitude. Le pharisien fidèle observateur de la Loi divine, s’estime différent des autres hommes et supérieur à eux. Il n’a plus besoin que Dieu lui fasse grâce, il se suffit à lui-même. Par contre, le publicain, pécheur par définition puisqu’il est censé vivre de l’argent qu’il détourne à l’occasion de son métier de collecteur d’impôt, met sa foi en « Dieu » et demande « pitié ». Il ne dit peut-être que la stricte vérité. Ne dire que la stricte vérité, être simplement vrai devant Dieu, c’est cela qui nous est demandé. Nous ne devenons vraiment libres que le jour où nous réussissons à ne plus nous comparer aux autres, à dépasser le souci d’être à la hauteur, et la peur de ne pas « être assez ».

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être des justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au temple pour prier. L’un était pharisien et l’autre publicain (c’est-à-dire collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » (Luc 18,9-12)

La parabole présente deux hommes qui font la même démarche, mais le portrait que la parabole dessine est contrasté jusqu’à la caricature. Le pharisien pratique la Loi et même davantage : il ne ment pas quand il affirme jeûner deux fois la semaine selon la pratique commune à l’époque chez les gens pieux et quand il dit payer la dîme de tous ses revenus selon la plus stricte observance du commandement. (Luc 18, 12) Il ne vole pas, n’est pas adultère, n’est pas injuste. Tout ce que le pharisien de la parabole dit est certainement vrai, il n’invente rien. Seulement voilà, en fait, ce n’est pas une prière, c’est une contemplation de lui-même. Il n’a besoin de rien, il ne prie pas, il se regarde. Il fait l’inventaire de son observation de la Loi et de ses pratiques de piété. Il se conduit comme un juste et pourtant il ne rentre pas justifié dans sa maison (Luc 18,14). Son injustice, le péché qui corrompt jusqu’à ses meilleures actions, tient à ce qu’il méprise et juge le reste des hommes (Luc 18,11) et particulièrement ce publicain monté au temple avec lui pour prier. Il se met à la place de Dieu pour rendre justice, se l’accordant à lui-même et la refusant aux autres.

Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : « Mon Dieu, (aie pitié) montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » (Luc 18,13-14)

La prière du publicain est très brève, il n’ose pas « lever les yeux » et « se frappe la poitrine ». Il ne se compare pas aux autres, ni au pharisien observateur de la Loi ni à ceux qui, plus pécheurs que lui, ne sont pas venus prier au Temple. Il sait et il avoue qu’il est « pécheur » (Luc 18,13), sans même détailler ses manquements. Sa demande reconnait et confesse la miséricorde et la « pitié » de Dieu. Le publicain sait que la Loi que Dieu a donnée est bonne et que c’est péché que d’y manquer. Le pharisien aussi. Mais tandis que l’un laisse le jugement à la miséricorde de celui qui peut pardonner les manquements à la Loi, l’autre, en jugeant à la place de Dieu et en refusant à Dieu comme aux hommes la miséricorde, méprise à la fois Dieu et les hommes. En rejetant son frère, il rejette Dieu.

Le publicain ne trouve pas la sécurité en lui-même et en ses comportements, mais dans la pitié de Dieu. La pitié de Dieu est une « descente jusqu’à nous ». La pitié, mot qui a mauvaise presse de nos jours, est un autre nom de l’amour. Là où se trouve le publicain, conscient de sa misère, là se trouve Dieu, un Dieu misérable et crucifié. Nous pouvons légitimement supposer que le publicain justifié rentre chez lui dans la joie, une joie authentique puisqu’il se sait destinataire de l’amour de Dieu.

Charlotte LANGEHEGERMANN
 
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