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Essais sur la vérité  
12 juillet 2013

III. Mondes de la complexité

 Mathias Schiltz

Nous voilà au cœur de nos débats. Au cours de nos entretiens et échanges j’ai été impressionné par la place centrale que la question de la complexité occupe dans votre univers mental et à quel point elle vous talonne. Je me suis rendu compte également qu’il ne s’agit là, pour vous, pas seulement d’une question théorique, mais bien d’une question existentielle. La complexité du monde ou l’existence de mondes de la complexité sont-elles sources de richesse ou geysers de conflits permanents et résurgents ? Ou bien, en d’autres termes, y a-t-il moyen de dépasser ces conflits et de passer de l’affrontement brutal des différences à des relations de complémentarité et d’enrichissement mutuel, voire à une coexistence harmonique dans le sens de la « coincidentia oppositorum » (coïncidence des opposés) prôné par le cardinal Nicolas de Cues (1401-1464) ? N’est-ce pas là du reste le but final de nos propos communs ?

De l’essai précédent (II. Vérité de la foi chrétienne en Dieu) se dégage l’évidence que la foi elle-même est un monde fort complexe. Malgré leur dénominateur commun, les religions théistes ou monothéistes, pour se limiter à celles-ci, se distinguent les unes des autres par les images de Dieu qu’elles véhiculent. À l’intérieur du Christianisme même il y a les diverses confessions qui cherchent laborieusement, à travers les efforts œcuméniques, à se rapprocher les unes des autres. Et au sein du catholicisme lui-même il y a, sur un socle de convictions partagées (ou à partager) par tous, une panoplie de théologies qui se veulent complémentaires, mais qu’il n’est pas toujours aisé de concilier. Finalement il y a les représentations individuelles de Dieu qui peuvent, comme je vais le montrer dans l’essai V. Chemin personnel de la foi en Dieu, connaître de très fortes variations au cours d’une vie. Le croyant n’est donc pas quelqu’un qui peut dormir calmement sur des lauriers. Tout au contraire, comme on dit en allemand : ”Wer glaubt, denkt weiter ” (Celui qui croit, n’arrête pas de penser). La foi ne cesse de nous interpeller et de nous inciter à avancer en profondeur dans nos réflexions.

 Bernard Baudelet : La complexité de Dieu

Selon saint Augustin, Si tu crois connaître Dieu, ce n’est pas Dieu. Il est Tout Autre. Cette affirmation est, une très belle définition de la complexité à propos de Dieu qui me semble l’archétype des mondes de la complexité. Il ne sera jamais appréhendable par l’esprit humain, les représentations qu’on peut en avoir sont anthropomorphistes, une sorte de narcissisme. On connaît cette citation de Voltaire qui illustre bien cette tentation d’assimiler « le Tout Autre » On prétend que Dieu a fait l’homme à son image, mais l’homme le lui a bien rendu.

Dans l’Islam [1], des sourates expriment les « Noms de Dieu Tout-Puissant ». Il s’agit de noms propres qui désignent Dieu et que Dieu ainsi que Son Messager ont indiqué respectivement dans le Coran et la Tradition. Ces noms ont été qualifiés de plus beaux car désignant le meilleur nommé et le plus noble signifié. Quant au nombre des noms divins, il est rapporté dans le Texte qu’il est de quatre-vingt-dix neuf. Les savants musulmans affirment que cela ne signifie pas qu’il faille restreindre les noms de Dieu au nombre cité par le Prophète. Cela revient à croire fermement que Dieu Tout-Puissant possède tous les attributs de la perfection, qu’il est exempt de toute insuffisance et qu’il est Unique, rien ne Lui étant égal. Ainsi, selon mon analyse, seul un nombre infini d’attributs pourrait le représenter. Le Tout Autre dans le Coran est exprimé notamment par les sourates suivantes Rien ne Lui ressemble (Coran 42, 11), Nul ne saurait L’égaler (Coran 112.4), Ne donnez pas à Dieu des égaux (Coran 16.74) et Est-ce Dieu ou vous qui savez le mieux ? (Coran 2, 140).

Dieu étant, selon moi, la complexité par essence, ne peut pas être défini sans le réduire à des représentations incomplètes. Alors, en théologie apophatique, on insiste sur ce qu’il n’est réellement pas, sans expliciter ce qu’il pourrait être. Un exemple frappant de cette théologie négative est fourni par le moine irlandais Jean Scot Erigène (vers 808 - vers 876) Nous ne savons pas ce qu’est Dieu (car il est complexe). Dieu lui-même ignore ce qu’il est parce qu’il n’est pas quelque chose (il est Tout Autre). Littéralement Dieu n’est pas (représentable), parce qu’il transcende l’être.

 Mathias Schiltz

Vous me permettrez d’abord de rappeler qu’il y a également des éléments de « théologie » apophatique dans certaines des sagesses asiatiques qui vous sont chères, tant dans le Bouddhisme que dans l’Hindouisme. Pourront-ils servir de ponts vers une meilleure entente entre ces sagesses, d’une part, et le christianisme, d’autre part ? Raimundo Panikar (1918-2010), un grand protagoniste du dialogue interreligieux, a essayé de le montrer, notamment dans ses livres The Unknown Christ of Hinduisme (1964) et The Silence of God : the Answer of the Buddha (1989).

Quant au fond, il va de soi que Dieu dépasse tout entendement – humain. Plus haut vous avez vous-même cité saint Augustin, Si tu crois connaître Dieu, ce n’est pas Dieu. Il est Tout Autre. Et l’évêque de Hippone a illustré cette évidence par l’histoire du petit garçon qui s’efforçait à l’aide de son petit seau de verser la mer entière dans le trou qu’il venait de creuser dans le sable de la plage.

Il faut par conséquent concéder à la théologie apophatique ou à la théologie négative que Dieu transcende toute créature. Il faut donc sans cesse purifier notre langage de ce qu’il a de limité, d’imagé, d’imparfait pour ne pas confondre le Dieu « ineffable, incompréhensible, invisible, insaisissable » (Liturgie de S. Jean Chrysostome, Anaphore) avec nos représentations humaines. Nos paroles humaines restent toujours en deçà du mystère de Dieu.– En parlant ainsi de Dieu, notre langage s’exprime, certes, de façon humaine, mais il atteint réellement Dieu lui-même, sans pourtant pouvoir l’exprimer dans son infinie simplicité. En effet, il faut se rappeler qu’« entre le Créateur et la créature on ne peut marquer tellement de ressemblance que la dissemblance entre eux ne soit pas plus grande encore » (Cc. Latran IV : DS 806), et que « nous ne pouvons saisir de Dieu ce qu’Il est, mais seulement ce qu’Il n’est pas, et comment les autres êtres se situent par rapport à Lui » (S. Thomas d’A., s. gent. 1, 30) [2].

 Bernard Baudelet

Dans toutes les religions monothéistes, (juifs, chrétiens et musulmans), Dieu, s’il est, s’est exprimé à travers des témoignages rapportés par des Hommes, la Bible pour les juifs et les chrétiens, le Coran pour les musulmans. Et toutes les exégèses ont également été effectuées par des Hommes, sans oublier les témoignages vécus par les mystiques à la recherche du mystère divin. Chacun peut comprendre que les œuvres écrites des Hommes à propos de Dieu sont forcément marquées par les limites cognitives de ces Hommes, eux-mêmes complexes (voir ultérieurement l’essai VII. 1.) et être des rapporteurs sans faille de la complexité de Dieu.

Enfin, en reprenant des propos de Mathias Schiltz dans l’introduction de cet essai La complexité du monde ou l’existence de mondes de la complexité sont-elles sources de richesse ou geysers de conflits permanents et résurgents ? J’avoue mon pessimiste auprès de mon ami car je crois que la complexité de Dieu impose que nul ne possède « La vérité », même pour des religions révélées. En conséquence, le relativisme doit être accepté par chacun qui devrait alors reconnaître que la diversité des représentations de Dieu est une richesse, fruit de la capacité et du désir des Hommes de donner sens à leur vie… et à leur mort. Enfin, si nous sortons de notre nombrilisme occidental pour regarder les spiritualités extrême-orientales, non dualistes à la différence des occidentales, nous devrons encore ouvrir le spectre des diversités pour atteindre des horizons étranges pour nos cerveaux occidentaux. L’essai VII. 2. Autre monde de la complexité : Occident – Chine devrait apporter quelques éclairages et inciter nos lectrices et nos lecteurs à approfondir ces réflexions grâce aux références citées au sein de cette série d’essais. En effet, les conséquences sont capitales pour agir et interagir au-delà de nos communautarismes exigus, non seulement dans les espaces spirituelles, mais également politiques, entrepreneuriaux, économiques… La mondialisation nous impose l’ouverture ou l’enfermement dans nos certitudes.

 Mathias Schiltz

Je relève votre remarque selon laquelle la complexité de Dieu impose que nul ne possède « La vérité », même pour des religions révélées. J’entends que nul croyant ne peut prétendre qu’il se trouve subjectivement en possession adéquate de la vérité. Il me semble que c’est là une prémisse essentielle à tout dialogue interreligieux à parts égales.

 Bernard Baudelet : une autre question à Mathias Schiltz

Dans le Credo est exprimé que Dieu est Le Père Tout Puissant. Est-ce une vérité de foi ? En effet, s’Il était réellement Tout Puissant, de nombreux drames subis par les Hommes ne devraient pas se produire, puisque que Dieu est Amour [3]. Afin de vous tendre une perche par amitié, je pense qu’une réponse pourrait être recherchée sous la plume [4] de Jean-Marie Ploux, un prêtre ami de la Mission de France, théologien et formateur. Dans la note de bas de page associée à ce livre, je reproduis une citation qui tend à concilier la toute puissance et l’amour, en signifiant que Dieu est Tout Puissant en Amour. Cet acte de foi, je le respecte, même s’il n’entre dans mon chemin de vie comme j’en parlerai dans l’essai VI Chemin spirituel d’un alter-croyant de cette série sur la vérité.

 Mathias Schiltz

Je pourrais abonder dans le sens de Jean-Marie Ploux en citant François Varillon qui dit que Dieu, étant Amour et rien qu’Amour, ne peut être tout-puissant que sur le mode de l’amour. Cela exclut des interventions divines à la manière d’un despote qui ne respecterait pas la liberté de l’homme ou à la façon d’un deus ex machina. Mais le problème du mal reste, comme l’a jadis formulé Georg Büchner, le rocher de l’athéisme. Il reste, depuis Épicure, source de rébellion et de révolte. Dans le roman de Dostoïevski Les frères Karamasow, Iwan décide de rendre à Dieu son billet d’entrée dans ce monde en raison de la souffrance de tant d’enfants innocents. Dans le même sens le Docteur Rieux (Albert Camus, La Peste) déclare qu’il refusera jusqu’à sa mort d’aimer une création où des enfants sont martyrisés. Ainsi l’existence du mal, du mal physique en tout cas, reste pour moi une aporie qu’aucune théorie, depuis les Essais de Théodicée de Leibniz (1710) jusqu’à leurs actualisations contemporaines, n’est arrivé à résoudre. Je dois avouer qu’après des années de réflexion je reste plus que perplexe devant cette aporie. Aussi suis-je tenté comme Romano Guardini de demander à Dieu, lors du Dernier Jugement, pourquoi il y a en vue du salut final, tous ces terribles détours et la souffrance de tant d’innocents.

Paul Ricoeur a écrit jadis que le problème de la foi n’est pas l’origine du mal, mais sa fin, son dépassement. Le devoir du croyant est dès lors la lutte contre le mal, la hantise d’alléger la souffrance dans toute la mesure du possible et finalement la compassion avec ceux qui souffrent. C’est par la compassion, la réconciliation, la miséricorde et le pardon que nous pouvons ressembler à Dieu et agir en enfants de ce Dieu qui est Amour. Car pour mettre en œuvre sa toute-puissance, ce Dieu qui est Amour n’a, semble-t-il, trouvé d’autre moyen que de souffrir avec nous, sauf à transformer nos tourments et jusqu’à notre mort en chemin de vie grâce au mystère pascal de son Fils. Comprenne qui pourra. Je m’en tiens une fois de plus à Guardini qui a écrit il y a plus d’un demi-siècle : L’amour fait de pareilles choses.

 Bernard Baudelet

J’entends vos commentaires et je comprends que le mal puisse demeurer pour un homme de foi en un Dieu personnel, un mystère en regard de la promesse d’un salut radieux et éternel. Cependant, le mal n’est pas la raison première de ma conviction que Dieu n’est pas. Je n’expliciterai pas les fondements de ce que je crois, je justifierai ultérieurement ma décision de ne pas les exposer dans cette série.

J’aimerais à cette étape de nos échanges, vous interpeller sur un autre thème, très lié à mes réflexions sur la complexité de Dieu.

Que pensez-vous de cet extrait d’un livre [5] déjà ancien publié par Georges Morel, alors Jésuite et philosophe, à propos de l’affirmation extraite des conclusions du concile œcuménique de Chalcédoine en 451 ? Notre Seigneur Jésus-Christ, à la fois achevé en divinité et achevé en humanité, vrai Dieu et vrai homme, toujours le même, composé d’une âme responsable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous, le péché mis à part. Cette double consubstantialité est impossible, selon moi, car une seule et même personne ne peut avoir la complexité de l’être humain et celle de Dieu. Georges Morel traduit mon affirmation par l’extrait suivant (pages 101 et 102) Si le Christ est vraiment homme – et qui, à la lecture des évangiles, pourrait le nier ? -, il est nécessairement sujet humain, c’est-à-dire sujet fini ouvert du côté de l’infini et de la question de l’Autre, mais il n’est pas Dieu, et ne peut pas l’être, puisqu’il ne peut être deux sujets (complexes) à la fois. Toute tentative de voir en lui un Dieu aboutit, bon gré mal gré, à déréaliser la réalité humaine et celle de Dieu. Et Georges Morel eut la conviction que Jésus n’est pas Dieu. Sa vérité, telle qu’il l’affirmait, à conduit l’auteur à quitter la Compagnie de Jésus, tout en demeurant un homme de foi en Dieu [6].

 Mathias Schiltz

Je ne juge évidemment pas Georges Morel. Mais je reste, personnellement, attaché à la profession de foi que j’ai, dans mon enfance et mes jeunes années, entendue presque jour pour jour : Béni soit Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme. Cela dit, j’admets que Georges Morel touche à une question fondamentale de la foi chrétienne. Elle a fait l’objet des grands débats christologiques qui ont scandé, voire remué tout le quatrième et le cinquième siècles de notre ère avec les conciles œcuméniques de Nicée (325), Constantinople (381), Éphèse (431), Chalcédoine (451). Grâce aux concepts de la philosophie grecque de nature (ousia) et personne (hypostasis) ce long processus a abouti à la profession de foi que j’ai résumé ci-dessus. L’expliquer en détail demanderait tout un traité. Retenons seulement qu’il y a en Jésus-Christ une seule personne (celle du Fils ou du Verbe de Dieu) et deux natures (divine et humaine).

L’Incarnation du Fils de Dieu en Jésus de Nazareth n’en reste pas moins un immense mystère – divin – devant lequel je n’irai peut-être pas jusqu’à dire « Credo quia absurdum » (Je crois parce que c’est absurde). Mais devant le visage fragile de l’Enfant de la crèche, où la lumière prend la forme d’yeux si purs qu’ils nous purifient, où la tendresse se fait bouche qui sourit, où la puissance se fait bras qui se tendent, où la divinité se fait chair vulnérable … je découvre que toutes nos conceptions de Dieu et de l’homme volent soudain en éclats. Dieu-enfant ! Vertige de l’Incarnation ! Ma raison s’affole. Mon cœur s’émerveille. Et je suis tenté d’attribuer à Dieu l’affirmation bien connue de Blaise Pascal : Le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas ou une fois de plus Romano Guardini : L’amour fait de pareilles choses.

 Bernard Baudelet, Autre monde de la complexité : les phénomènes naturels

Là encore, je suis contraint de marquer notre différence car mes longues réflexions et méditations sur les mondes de la complexité, me paraissent inconciliables avec cette double nature de JC. Je vous accorde que je suis guidé par ma raison, serrée au plus près afin qu’elle ne « s’affole » pas.

Il va être plus aisé de disserter sur la complexité des phénomènes naturels dont la science s’efforce de comprendre les mécanismes, de prévoir leurs évolutions et également de trouver des applications aux propriétés découvertes. En fait, la science ne permet de trouver que des représentations. Celles-ci ne sont pas des vérités absolues même s’il est tentant pour tout chercheur en sciences d’espérer atteindre cet absolu et pire de l’avoir atteint. En effet, la complexité des phénomènes naturels est telle que nul ne peut connaître tous les éléments qui interviennent dans ces phénomènes et toutes les interactions qui opèrent entre toutes ces composantes [7]. Il est probable qu’un esprit purement cartésien formaté par le Discours de la Méthode [8] établi par Descartes, qui tend à découper pour résoudre des problèmes complexes comme le SIDA, risquerait de retarder pour longtemps des représentations plus proches de la réalité permettant d’espérer découvrir des voies thérapeutiques efficaces. Ce pourrait être une limite aux potentialités de la science occidentale, non holistique.

Les mondes de la complexité, Dieu, les phénomènes naturels comme nous venons de le voir ne seront jamais totalement connus. Le contraire d’une vérité triviale est une erreur stupide, mais le contraire d’une vérité profonde est toujours une autre vérité profonde, selon le physicien Niels Bohr (1885-1962). En effet dans les mondes complexes, une interprétation n’étant pas une vérité, son contraire a au minimum une part de vérité. Il en est ainsi en sciences notamment et pourquoi pas en Dieu. En revanche, il n’en est pas de même dans les domaines banals. Il pleut ou il fait beau ! En détruisant l’illusion d’un monde de vérités éternelles (un monde-vérité absolu), Kant (1724-1804) est allé au-delà même du relativisme : il a indiqué la voie de ce désespoir au sujet de toute vérité [9], désespoir qui est la condition de la véritable critique.

Le paradoxe est que les représentations établies bien que non vérités absolues, permettent d’avancer dans le débroussaillage des mondes de la complexité. Il est vécu sans certitude et sans fin alors que nous avons faim de certitudes. Le doute est le moteur qui nous stimule pour avancer mais également l’épreuve à surmonter. Finalement, ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou, selon Nietzsche. Heureusement, les humains sont doués d’une capacité d’innovation afin de progresser dans les mondes de la complexité. Réjouissons-nous, des mondes complexes sans capacité d’innover nous auraient rendus esclaves de ces mondes, des mondes uniquement compliqués n’auraient pas grandi l’Homme dans sa faim de connaissances qu’il s’efforce d’assouvir sans fin.

Le scientifique honnête face à la complexité des phénomènes naturels auquel il est confronté et aux applications qu’il tente de réaliser, accepte qu’il ne sera jamais maître et possesseur de la nature (Descartes). Alors, le relativisme fait partie de son horizon. Pourquoi les maîtres en spiritualité face à la complexité extrême du transcendant prétendent-ils trop souvent exprimer « La vérité » et ne pas accepter le relativisme ? Ce pouvoir de vérité pourrait trouver sa source dans le désir des humains de ne pas être qu’un tas de poussière après leur mort [10]. Les deux essais VIII. Richesse des diversités et problèmes du relativisme et IX. Nouvelle Tour de Babel devraient nous permettre de débattre sur les diversités, leurs richesses ou la source de débats contradictoires interminables. Rassurez-vous, chères lectrices et chers lecteurs, Mathias et moi demeurerons des amis car c’est une valeur inusable pour lui et pour moi.


[2Catéchisme de l’Église Catholique, Paris 1998, n° 42-43.

[3Évangile selon Jean 3 16. Thème repris dans Deus Caritas Est dans la Lettre Encyclique de Benoît XVI.

[4Dieu n’est pas ce que vous croyez, publié par Jean-Marie Ploux en 2008 aux Éditions Bayard. Une citation de ce livre en page 129 : Où donc est Dieu ? La question est posée par les enfants et par les gens qui sont dans le malheur. D’une certaine façon, c’est la seule vraie question… Et la seule vraie réponse est : il est là où les hommes aiment, s’aiment, là où les hommes ont besoin d’amour. L’amour pour Dieu ne saurait remplacer l’amour pour l’homme et il ne s’ajoute pas non plus à l’amour de l’homme pour l’homme, il en est l’ultime profondeur. L’amour est la dimension divine de l’homme et de l’humanité… L’amour est divin.

[5Questions d’homme : Jésus dans la théorie chrétienne publié aux Éditions Aubier en 1977.

[6Comme me l’a déclaré le jésuite Jean Moussé, un de ses disciples, qui n’a pas eu la possibilité financière de suivre le même chemin que son maître. Contraint au silence les dernières années de sa vie pour pouvoir demeurer dans la Compagnie (nourri, logé et blanchi), Jean Moussé a dû se taire jusqu’à sa mort en 2003, entouré de quelques amis dont je faisais partie. Je lui dois beaucoup.

[7Ainsi est le SIDA, marqué par de nombreuses inconnues sur les éléments associés à cette maladie, leurs interactions, les voies pour interrompre le développement de la maladie, voire sa guérison.

[8. Ne recevoir aucune chose pour vraie tant que son esprit ne l’aura clairement et distinctement assimilé préalablement.
. Diviser chacune des difficultés afin de mieux les examiner et les résoudre.
. Établir un ordre de pensées, en commençant par les objets les plus simples jusqu’aux plus complexes et divers, et ainsi de les retenir toutes et en ordre.
. Passer toutes les choses en revue afin de ne rien omettre.

[9Considérations intempestives (III 3) de Nietzsche.

[10Avec un sourire, je voudrais rapporter les propos d’une dame entre deux âges, mais plus proche du second que du premier, qui m’avait entendu dans une radio chrétienne exprimer mon chemin de vie sans Dieu, m’avait exprimé publiquement sa réprobation Monsieur, à votre place, je me pendrai ! Ce qui me permit de lui répondre galamment mais sans conviction Madame, c’est à votre cou que j’aimerais me prendre.

 
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