
Sainte Julienne de Cornillon et l’institution de la Fête-Dieu
L'enseignant Jean Hermesse, à l’invitation de la Conférence Saint-Yves, est revenu sur les origines de la fête du Saint-Sacrement.
Soixante jours après Pâques, le jeudi qui suit le dimanche de la Trinité, nous célébrons la solennité du Corps et du Sang du Christ. Pour pouvoir donner à cette fête essentielle toute sa place, comme ce jeudi n’est pas férié au Luxembourg, les processions sont généralement reportées au dimanche suivant, cette année le 22 juin. Une exception : la messe intercommunautaire qui a été célébrée à Saint-Michel par la paroisse Luxembourg Notre-Dame le jeudi 19 juin, suivie d’une procession dans les rues de la vieille ville, a réuni un grand nombre de fidèles.
Magnifique coïncidence du calendrier : nous fêterons le Saint-Sacrement la veille de la fête nationale. Les choses seront donc bien dans l’ordre : Dieu premier, puis ses serviteurs sur terre. Les processions seront nombreuses le matin dans le pays, puis, dans l’après-midi du 22 et dans la matinée du 23, ce sont les Te Deum en l’honneur du Grand-Duc qui résonneront un peu partout dans les églises, le point d’orgue étant celui célébré à la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg.
L’histoire de la Fête-Dieu est née dans la principauté de Liège, en actuelle Belgique, comme l’a rappelé Jean Hermesse, professeur de religion catholique et directeur du Collège Notre-Dame au Cœur d’Or (Belgique), à l’occasion d’une conférence organisée par la Conférence Saint-Yves ce mercredi 18 juin. En 1208, une jeune religieuse très pieuse, Julienne, est gratifiée d’une vision. Dans sa prière, elle voit la Lune à laquelle il manque une partie, qui semble barrée en deux. Craignant une attaque du démon, elle n'en parle à personne. Mais la vision revient régulièrement. Au bout de vingt ans elle finit par se confier à Ève, une recluse qui vit dans une maison minuscule accolée à la cathédrale et qui deviendra sainte Ève de Saint-Martin. Cette dernière lui recommande de demander conseil. « Julienne reçoit finalement directement la révélation de ce dont il s’agit, explique Jean Hermesse. Comme Dieu est le Soleil que nous ne pouvons regarder en face, la Lune, que l’on ne voit que parce qu’elle est éclairée par le Soleil, représente l’Église qui reflète Dieu. Pourquoi Julienne la voit elle incomplète ? Parce qu’il manque une fête dans la vie de l’Église, fête que le Seigneur voudrait voir dédiée au Saint-Sacrement. »
Julienne se heurte à de nombreuses oppositions civiles et ecclésiastiques, et meurt en 1258 sans avoir jamais assisté à un office de la Fête-Dieu. Mais d’autres la relaient et en 1264 le pape Urbain IV demande à deux théologiens d’envergure de rédiger un projet d’office. « Saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure se trouvent ainsi mis en compétition, relate Jean Hermesse. Saint Bonaventure laisse saint Thomas exposer son projet en premier. Il est si beau que l’on raconte que son compétiteur déchire ses propres feuilles. » C’est donc l’office de saint Thomas qui est conservé et officialisé le 11 août 1264 par la Constitution Apostolique Transiturus de hoc mundo, par laquelle Urbain IV étend la célébration de la fête du Très Saint-Sacrement à l’Église universelle.
« Au Moyen Âge, il n’était pas évident de croire en la présence réelle, et beaucoup de catholiques avaient du mal avec cette idée », ajoute le chanoine Georges Hellinghausen, historien ecclésiastique à qui nous devons une remarquable anthologie de l’Octave. Aujourd’hui encore, il n’est pas toujours simple d’admettre le dogme de la transsubstantiation, ou de la présence réelle, proclamée par l'Église lors du quatrième Concile du Latran (1215). Nul doute que le miracle eucharistique de Bolsena, en 1263, a aidé la cause de la Fête-Dieu. Pour les temps que nous vivons, le Vatican a officiellement reconnu en mai dernier un miracle eucharistique survenu à l’église du Christ-Roi à Vilakkannur (Inde) le 15 novembre 2013. Un visage humain rayonnant, reconnu comme celui de Jésus, y est apparu sur une hostie consacrée au moment de l’élévation. Douze ans plus tard, après des analyses scientifiques et théologiques, l’Église nous offre cette arme contre nos difficultés à croire.
Dimanche, soyons nombreux pour fêter le Corps et le Sang du Christ réellement présents dans l’Eucharistie et porter notre Dieu en procession dans nos rues en témoignage de notre foi.
Retrouvez ici les horaires des messes et processions de la Fête-Dieu.
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