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1er décembre 2014

Prise de position de l’Archevêque de Luxembourg sur la révision en cours de la loi sur l’interruption de grossesse

Traduction de la version officielle en allemand par le Service Presse

La refonte de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, qui a été portée à la discussion par la coalition au Gouvernement et qui doit être présentée prochainement au Parlement pour vote, concerne des points d’importance en ce qui concerne l’orientation éthique de notre société et suscite quelques réflexions de ma part [1]. Je les entends comme un apport à un débat animé sur ce thème sensible dans notre société et non comme un enseignement tiré d’un sentiment de supériorité morale.

La perspective individuelle

Je voudrais affirmer tout d’abord avec clarté et sans équivoque : la très grande majorité des femmes qui prennent la décision de faire pratiquer un avortement, vivent cette situation comme une situation de détresse dramatique sur le plan existentiel et difficile à surmonter sur le plan psychologique. La très grande majorité des femmes ne prennent leur décision qu’après un processus difficile d’évaluation du pour et du contre de l’avortement et – bien souvent – de recherche désespérée de conseils. Même si l’Église s’engage toujours pour la protection de la vie à naître, elle est bien consciente de cette situation de vie considérée par beaucoup de femmes comme tragique. Je peux certes affirmer que je respecte la décision personnelle et en conscience de chaque femme ; cependant, quand cette décision entraîne une interruption de grossesse, je ne peux tenir ce résultat comme adéquat. Le devoir de la législation d’un État est de donner des orientations qui s’appliquent à tous. Le droit et la loi, aussi bien que les situations individuelles posent différentes perspectives, qui doivent être considérées de façon appropriée dans une appréciation éthique et morale.

La nouvelle réglementation

La révision qui va être proposée sous peu au débat au sein du Parlement luxembourgeois représente plus qu’un simple amendement de la loi – dans ce texte se profile un changement culturel par rapport à la loi précédente qui me semble préoccupant. Il existe une différence entre poser une matérialité de faits comme non punissable, tout en la considérant fondamentalement comme problématique et la déclarer ainsi inadmissible, ou estimer que cette matérialité de faits soit par principe acceptable et donc admissible.

Une société devrait être consciente de quel changement profond s’opère quand le droit autorise de trivialiser l’interruption de grossesse en tant qu’instrument de la planification de la vie. Le respect de la dignité de la vie humaine sera – pour une grande part – mis à mal. Car cette révision touche un principe fondamental du respect que chacun vivant dans cette société est prêt à accorder à ses semblables. Ce respect est finalement l’objet de négociations, qui selon les conjonctures de ce qui est à la mode, selon ce qui est toléré en fonction des rythmes toujours plus rapides de nos cycles de production, selon les désirs de disponibilité et les fantaisies de faisabilité.

C’est pourquoi la nouvelle loi signifie également : il n’existe plus d’obstacles, plus de dernier panneau « Stop » en ce qui concerne l’atteinte d’êtres humains sur d’autres êtres humains. Les droits humains qui s’appuient au contraire sur la reconnaissance d’une dignité humaine inaliénable se fondent sur une interdiction sans appel de l’instrumentalisation de la vie humaine.

La valeur de l’autonomie

On a maintes fois reproché à l’Église de trop peu prendre en compte l’autonomie des personnes. Dans le contexte de l’interruption de grossesse, ceci revient à affirmer que l’Église ne respecte pas le droit de la femme à l’autodétermination et ainsi à son individualité.

Cette affirmation doit être récusée avec la plus grande détermination : l’Église défend, avec la Bonne Nouvelle, une conception de l’être humain qui affirme la dignité de l’Homme. Cette dignité justifie et exige en même temps l’appartenance et la participation des êtres humains à l’organisation de la Création. Parmi leurs dons figurent bien sûr aussi la raison et le pouvoir de jugement qui en découle sur le plan moral et éthique. La capacité de jugement peut grandir et être affinée dans un dialogue respectueux et dans le conseil et l’accompagnement.

L’Église tient à souligner que l’autonomie signifie aussi d’assumer la responsabilité des dons de la Création confiés aux êtres humains. La vie humaine en est le don le plus précieux. Dans la responsabilité assumée de la vie à naître et donc à protéger particulièrement, on peut faire un constat : plus l’individualité et l’autodétermination appartiennent à l’existence humaine, plus il est nécessaire de reconnaître l’appartenance de cette vie à de multiples domaines et relations.

La proposition de loi repose sur une image de l’être humain qui se base sur une compréhension réduite de l’autonomie et une vision limitée de l’individu. Cela n’est pas un bon signe pour le futur de notre vie en société et son cadre juridique et institutionnel.

J’invite avec insistance toutes les personnes de bonne volonté à ouvrir leur cœur et leur raison au cri de la vie, en particulier de la vie à naître, et de le considérer avec sérieux comme un appel à leur responsabilité. L’Église soutient en effet chacun et chacune qui s’engage – aux nombreuses périphéries de la vie – pour la vie et sa dignité.

Luxembourg, le 21 novembre 2014

+ Jean-Claude Hollerich
Archevêque de Luxembourg

[1Ces réflexions font partie des nombreuses prises de position que l’Église à Luxembourg a déjà dû prendre sur cette question cruciale. Je renvoie aux prises de position des Évêques et Archevêques – De l’Évêque/Archevêque Jean Hengen : Déclaration de l’Évêque de Luxembourg sur le problème de l’interruption de grossesse (extrait de l’homélie à l’occasion de l’ouverture de l’Octave le 4 mai 1974) dans : Kirchlicher Anzeiger für die Diözese Luxemburg, année 104/1974, Fol. 5 u. 6, 29.6.1974, n° 27, p. 33. [en complément : Déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur l’avortement provoqué, dans : Kirchlicher Anzeiger für die Diözese Luxemburg, année 104/1974, Fol. 11, 26.11.1974, n° 76, p. 65-71.] Prise de position de l’Évêque sur le projet de loi sur l’avortement, 25 février 1978, dans : Kirchlicher Anzeiger für die Diözese Luxemburg, année 108/1978, cahier 3, 20.03.1978, n° 6, S. 23-24. Appel de l’Évêque de Luxembourg concernant le problème de l’avortement, 5 juillet 1978, dans : Kirchlicher Anzeiger für die Diözese Luxemburg, année 108/1978, cahier 5, 12.07.1978, n° 20, p. 38-39. – De l’Archevêque Fernand Franck : « Pour une culture de la vie. Prise de position sur l’autorisation du médicament RU 486 », 24 juillet 1999, dans : Kirchlicher Anzeiger für die Erzdiözese Luxemburg, année 129/1999, cahier 8, 01.08.1999, n° 78, p. 152. Déclaration de l’Évêque de Luxembourg concernant l’amendement de la loi sur l’interruption de grossesse, 1er février 2010, dans : Kirchlicher Anzeiger für die Erzdiözese Luxemburg, année 140/2010, cahier 3/mars 2010, n°18, p. 38-40. – De moi-même : « Miracle de la vie – Signe d’espoir ». Déclaration de l’Archevêque de Luxembourg concernant l’interruption de grossesse, 3 novembre 2012, dans : Kirchlicher Anzeiger für die Erzdiözese Luxemburg, année 141[corr. : 142]/2012, cahier 5/novembre 2012, n° 46, p. 64-66 [Remarque concernant l’édition : dans le titre du cahier 5/2012 a été indiquée par erreur l’année 2011].

 
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