
« As-tu bien ton chapelet ? »
Rencontre avec le chanoine Joseph Jost, vice-postulateur de la cause de béatification de Robert Schuman.
Il y a les saints que l’on connaît depuis toujours : les saints apôtres, les docteurs de l’Église, les martyrs. Il y a ceux, plus récents, qui semblent aller de soi, comme mère Teresa de Calcutta, ou qui nous surprennent, comme le bienheureux Carlo Acutis. Mais la politique peut-elle produire des saints ? « Oui », répond sans hésiter le chanoine Joseph Jost, vice-postulateur de la cause de béatification de Robert Schuman (1886 – 1963). Une cause qui éveille un légitime sentiment de fierté chez tous les catholiques luxembourgeois, puisque Robert Schuman est né au Grand-Duché, à Clausen précisément, et a fait ses études secondaires à l’Athénée de Luxembourg. Il parlait d’ailleurs couramment les trois langues officielles du pays. Ses parents reposent au cimetière du Fetschenhof.
Invité par le Centre de Formation Diocésain, en coopération avec la paroisse Dräilännereck Musel a Ganer Saint-Nicolas, le chanoine Jost a éclairé le personnage de Robert Schuman de multiples anecdotes édifiantes. « Tous les éléments fondamentaux de sa vie sont présents dans sa petite enfance, explique-t-il. Quand il partait pour l’école, sa mère lui demandait ‘as-tu bien ton chapelet ?’ Son assistance quotidienne à la messe vient de là. Déjà à cette époque ses camarades se souviennent de sa volonté de ne jamais se disputer et de réconcilier autour de lui. » La spiritualité de Robert Schuman était nourrie de son étude de la Bible, qu’il méditait tous les matins pendant une demi-heure. Sa vie intérieure rayonnait autour de lui. « C’était un homme d’une totale sincérité et d’une grande humilité intellectuelle, il voulait simplement servir » résume le chanoine Jost.
Servir, il l’a fait, toute sa vie, restant célibataire et mettant sa grande intelligence au service de tous. D’abord en tant qu’avocat puis en tant qu’homme politique. « Sa carrière a duré quarante ans, au cours desquels il a démontré ses qualités particulières d’homme de gouvernement juste et prudent » peut-on lire dans le décret de la Congrégation pour la cause des saints qui reconnaît les vertus héroïques de Robert Schuman, en juin 2021. Élu député de la Moselle dès 1919, il a occupé différents postes dans le gouvernement français à partir de 1946, particulièrement celui de ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1953. C’est à ce poste qu’il est l’auteur de la déclaration du 9 mai 1950, acte fondateur d’une nouvelle Europe, considérée par lui comme un projet de fraternité et de paix, intégration, solidarité et coopération entre les nations.
Si de nombreux fonctionnaires européens considéraient depuis longtemps le 9 mai comme la « saint Schuman », il a fallu accomplir un travail colossal pour que Robert Schuman soit reconnu vénérable. « J’ai été nommé vice-postulateur de la cause de béatification en 2002, raconte le chanoine Jost. L’enquête avait été lancée en 1988 et le procès était ouvert depuis 1990. Nous avons collecté tout ce qu’il était possible de collecter. Le dossier de l’enquête diocésaine fait quinze mille pages, qu’il a fallu condenser dans un document officiel de neuf cents pages, la Positio. » Analysée par la Congrégation pour la cause des saints, la Positio a permis de confirmer que « les vertus théologiques foi, espérance et charité envers Dieu et le prochain sont prouvées, ainsi que les vertus cardinales de prudence, justice, force et tempérance. »
Désormais vénérable, Robert Schuman peut être invoqué, comme cela a été le cas en février dernier, lors d’une neuvaine lancée par Mgr Philippe Ballot, archevêque de Metz, et l’Institut Saint-Benoît, association à l’initiative de la demande de canonisation. Une prière pour la paix dans le monde par l’intercession de ce père de l’Europe. Les fidèles sont également invités à prier pour sa béatification. Que manque-t-il pour cette prochaine étape ? La reconnaissance d’un miracle dû à son intercession. C’est indéniablement la pièce la plus délicate, le dossier médical devant attester d’une guérison subite et totale. Le chanoine Jost évoque ainsi le cas d’une guérison inattendue d’une personne atteinte d’un kyste au foie qui priait régulièrement Robert Schuman pour sa guérison. « Malheureusement elle n’a aucun dossier médical », regrette-t-il.
Alors que les élections européennes auront lieu le 9 juin, rappelons-nous ce que disait Robert Schuman à des jeunes en 1946 : « Les maitres de l’Histoire ne sont pas ceux qui s’agitent sur le devant de la scène politique… Il n’y a qu’un Maître de l’Histoire… c’est le Tout-Puissant, c’est notre Père céleste. Il choisit ses instruments parmi les hommes de bonne volonté. » Par l’intercession du vénérable père de l’Europe, prions pour nos futurs députés européens.
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