Christophe Unkelhäusser : « Avec Odo Sonoritas, je veux partager la beauté »
Autour de la fête de saint Odon, le 18 novembre, le village de Stolzembourg devient le centre du chant grégorien.
Du 15 au 18 novembre prochain se tiendra à Stolzembourg la douzième édition de ce qui est devenu, au fil des ans, le festival Odo Sonoritas. À l’origine de ces journées dédiées au chant grégorien, Christophe Unkelhäusser, responsable artistique bénévole, a bien voulu répondre à nos questions. La genèse de l’évènement est étonnante et son évolution impressionnante.
Christophe Unkelhäusser, en 2014, vous avez organisé pour la première fois un concert dans la petite église de Stolzembourg. Comment vous est venue cette idée ?
Christophe Unkelhäusser. J’habite à Stolzembourg depuis 2010. Malheureusement, peu de temps après mon installation, ma maison a subi un grave incendie. Les deux-cents habitants du village ont été un énorme soutien pour ma famille et j’ai cherché quoi faire pour les remercier. C’est alors que j’ai découvert que saint Odon, le patron de notre église, est aussi le saint patron des musiciens. Cela m’a donné l’idée d’organiser un concert. C’était en 2014 et cela a été la première édition de Odo Sonoritas, que l’on peut traduire par la sonorité, ou le son d’Odon.
Pourquoi la musique ?
C. H. D’abord à cause de ma formation, car je suis titulaire d’un Master of Arts. Toute ma vie, la musique m’a accompagné. Ensuite parce que, dans mon métier de médiateur en musique, je vois beaucoup de peine et de misère. Le punk rock, que j’apprécie, et le grégorien, que j’aime également et que j’ai découvert grâce à Dom Prudhomme, de l’abbaye de Clervaux, ont en commun de chercher une vie meilleure. La musique met de la joie ! Mais l’église n’est pas faite pour le punk rock, c’est le grégorien qui lui convient.
En 2014, vous aviez proposé un concert unique. En 2025 le programme se déroule sur quatre jours. Pouvez-vous nous donner quelques détails ?
C. H. Le cœur de Odo Sonoritas, c’est le jour de la saint Odon, cette année le mardi 18 novembre. C’est ce jour-là qu’a lieu le concert de chant grégorien, ce par quoi nous avons commencé. Cette année la partie de chant grégorien sera assurée par quatre chanteurs de la formation Les Chantres du Thoronet, créée par Damien Poisblaud, professeur de grégorien à l’Université de Montpellier, qui vient pour la troisième fois à Stolzembourg. Ils chantent le grégorien comme à l’époque, grâce à un travail archéologique sur le chant des 10e, 11e et 12e siècle. C’est assez différent de ce que l’on peut entendre à l’abbaye de Solesmes, par exemple, car la prononciation s’est perdue.
Après cette première partie grégorienne, la musique contemporaine sera représentée par une création de l’artiste polonais Marcin Wierzbicki, qui combine orgue et musique électronique. Avec cette programmation, je cherche à faire vivre la musique ancienne tout en créant un pont vers la musique contemporaine. Et surtout en respectant le caractère sacré du lieu. Avec Odo Sonoritas, je veux partager la beauté.
Le programme des trois jours précédents le grand concert du 18 novembre est très riche également.
C. H. En effet, pour amener progressivement vers le concert, plusieurs autres événements sont programmés. Le samedi 15 novembre, à 19 heures, Michael Eberle propose un concert conférence, son premier programme solo, Wúntar, qui ouvre une fenêtre sur les premières étapes de la musique et de la littérature dans l'Europe médiévale. Michael s'accompagne d'instruments de la période carolingienne, tels que la cithare, semblable au luth, et la lyre.
Le dimanche 16 il y aura la messe à 9 heures, puis dans l’après-midi un workshop de harpe celtique, en collaboration avec le Conservatoire du Nord et Chanel Perdichizzi, qui y est professeur de harpe. Ce workshop sera également proposé le lundi 17.
Tout au long des quatre jours, les visiteurs pourront apprécier une exposition d’objets et de facsimilés caractéristiques de la période médiévale, réalisée grâce au Centre International de Musiques Médiévales de Montpellier et au musée de l’abbaye d’Echternach.
Comment couvrez-vous les frais du festival ?
C. H. D’année en année, au fil de la croissance de Odo Sonoritas, les frais ont augmenté. Heureusement que je ne compte pas mes heures ! Aujourd’hui, heureusement, nous avons une subvention du ministère de la Culture. Après le concert, nous proposons une petite réception pour que les spectateurs puissent s’entretenir avec les musiciens, c’est l’occasion d’approfondir la relation qui est née entre artistes et public pendant la soirée. Les visiteurs sont généreux et leurs dons permettent de compléter et de financer, par exemple, les frais de transport ou de logement des musiciens.
Après plus de dix ans, comment entretenez-vous votre motivation ?
C. H. Je veux ouvrir les portes de l’Église différemment, donner un autre accès à l’Église. Ainsi, pendant le Covid, j’ai initié la fabrication pour le clocher séparé de notre église d’une cloche de ruche*, avec l’aide du Dr Bastian Asmus, fondeur d’art de formation et fondateur du laboratoire d’archéométallurgie. Il a réalisé la cloche en suivant les instructions du XIIe siècle du moine bénédictin Theophilus Presbyter. Le 18 novembre 2022, la cloche a été bénie par Mgr Leo Wagener, évêque auxiliaire de Luxembourg, puis installée dans le clocher. L’Église a une histoire culturelle fascinante que j’ai envie de partager.
* Une cloche de ruche est conçue pour ne produire qu'un seul son, particulièrement clair et pur, qui résonne longtemps.
Qui était saint Odon ?
Saint Odon (vers 880-942) est le saint patron de l’église de Stolzembourg mais surtout celui des musiciens. Dans ses écrits, il fait référence à un instrument longtemps disparu, l’organistrum, et explique comment on doit le construire. Moine bénédictin, saint Odon a été le deuxième abbé de Cluny et composait lui-même.
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